8 conseils pour améliorer la qualité des apprentissages grâce aux neurosciences ▪ le 09/09/2018
L’éclairage des chercheurs permet de mieux comprendre le fonctionnement de la mémoire. Les processus de mémorisation peuvent être découpés en trois grandes étapes :
• l’encodage qui permet l’acquisition de l’information
• le stockage de l’information via une réorganisation des différents éléments
• la récupération : le rappel, la reconnaissance de ce qui est connu et le réapprentissage de ce qui n’est pas acquis
Pour que chacune de ces trois étapes se déroule de façon optimale, des conseils peuvent être donnés aux étudiants.
1- Etre attentif pendant le cours
Un conseil évident, mais il faut parfois le préciser ! Porter attention aux cours et commencer l’organisation des informations au moment de la prise de note permet d’encoder l’information de façon beaucoup plus efficace. Stanislas Dehaene, professeur au Collège de France, insiste ainsi sur l’importance de l’attention et de l’engagement actif de l’étudiant. L’attention est limitée : réaliser deux tâches simultanément (consulter son smartphone en suivant un cours par exemple) est impossible. En réalité, lorsque l’on «jongle », on ne fait pas deux choses en même temps, on va simplement passer d’une tâche à l’autre, en omettant temporairement la première, au détriment de l’encodage de l’information.
2- Noter à la main plutôt qu’avec un clavier
Des travaux de recherche menés à l’Université de Princeton (Muller et Oppenheilmer, 2014) ont montré que des personnes prenant des notes à la main retenaient plus d’informations après une conférence que celles ayant pris leurs notes à l’aide d’un clavier. Pour les chercheurs, la plus grande rapidité de prise de notes offerte par le clavier encourage les auditeurs à tout noter de façon littérale, en rapportant les propos exacts de l’orateur. Ils placent alors chaque information sur un pied d’égalité alors que les personnes prenant des notes à la main sont obligées d’établir une hiérarchie dans les faits et de ne retenir que le plus important. Elles enclenchent un travail de conceptualisation et de hiérarchisation de l’information que ne fait pas l’auditeur muni d’un clavier.
Remarque : ce conseil n’est valable que si l’on a les polys de cours, on sait qu’en PACES le moindre détail doit être noté !
3- Réviser le soir
Une leçon s’apprend mieux le soir avant de dormir. Des expériences de rappel d’informations montrent que le fait de dormir améliore la mémorisation, et ce d’autant plus que la durée du sommeil est longue. A l’inverse, des privations de sommeil (moins de quatre ou cinq heures par nuit) sont associées à des troubles de la mémoire et des difficultés d’apprentissage (Rash & Born, 2013).
4- Se tester plutôt que réciter
Stanislas Dehaene, spécialiste en Neuroéducation, explique : « Un organisme passif n’apprend pas ! » L’apprentissage est optimal lorsque l’étudiant alterne apprentissage et test répété de ses connaissances. Il a été montré que le nombre de tests via des exercices compte plus dans la mémorisation que le nombre d’heures passées à étudier.
Pourtant la majorité des étudiants relit son cours sans tester ses connaissances, ce qui les conduit à surestimer leur apprentissage réel (Karpicke et al., 2009).
5- Miser sur la multiplicité des supports
Plus une information est traitée en profondeur, plus ce traitement comporte d’associations, de relations entre les items à apprendre et les connaissances antérieures, et meilleur sera le recouvrement ultérieur de l’item. Steve Masson est professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Montréal. Pour ce chercheur, le cerveau est comme une forêt : si l’on marche plusieurs fois dans le même sentier, un chemin va progressivement se créer. Plus l’on revient sur le même apprentissage, et plus les connexions neuronales deviennent efficaces. Mais si l’on ne marche pas pendant un certain temps dans les sentiers créés, la végétation reprend sa place : les réseaux de neurones non utilisés finissent par se déconnecter progressivement. De ce point de vue, le numérique peut être un atout, il offre la possibilité de faire des quiz en ligne, de voir la même information sous un autre angle, en plus des cours en présentiel.
6- Adopter une bonne hygiène de vie
De nombreuses études scientifiques montrent qu’une pratique sportive régulière est associée à des effets positifs sur la mémoire, en agissant notamment sur la neurogenèse de l’hippocampe et sur la neurovascularisation (Hillman et al., 2008). Au contraire, le stress possède des effets négatifs sur la mémoire, en inhibant la neurogénèse de l’hippocampe et en générant une atrophie des dendrites des neurones (Mirescu & Gould, 2006).
7- Apprendre de ses erreurs
Recevoir un retour d’information immédiat sur l’action en cours est indispensable à  l’apprentissage. Plus le retour est proche dans le temps de l’erreur, plus l’action corrective sera efficace et intégrée de manière pérenne. Les erreurs sont positives et sources d’apprentissage. Elles sont normales dans le processus d’apprentissage car elles expriment à la fois la représentation mentale que l’élève se fait d’une notion ou d’une action et un obstacle à repérer avant de le dépasser. En se basant sur ces éléments, une équipe de recherche a étudié l’impact d’une méthode de révision qui consistait à faire travailler les étudiants entre eux en se donnant un retour rapide sur leurs erreurs. Les résultats obtenus étaient très positifs et montraient que les étudiants étaient plus engagés dans leurs révisions avec cette méthode (Cotner et al., 2008).
8- Opter pour un état d’esprit positif
L’état d’esprit de l’étudiant est également crucial : selon Crahay (2010), si l’étudiant et son entourage (parents, amis, professeurs) adoptent la conception d’un potentiel inné, la réussite reflète pour lui la preuve de son intelligence, et l’échec celle de son incapacité définitive. Au contraire, un élève conscient de la plasticité des apprentissages traduira un échec comme le fruit d’une stratégie d’apprentissage inappropriée et sera capable de mettre en place une nouvelle stratégie suite à un échec.
Pour aller plus loin, regardez la conférence du Dr Stanislas Dehaene : Les grands principes de l’apprentissage.